— Je vous ai
entendu dire qu'un individu peut avoir plusieurs corps. S'il en est ainsi, un
homme peul, avec l'un de ses corps, pratiquer son yoga et avec l'autre éprouver
les heurs et malheurs de la vie. Pour un yogin, cela peut être réalisable, mais
comment cela se peut-il pour un être ordinaire encore plongé dans l'ignorance?
—
Parfaitement. Cela peut être obtenu par des pouvoirs yoguiques mais semble
impossible pour un être ordinaire.
Lorsque
vous voyez un bouton de fleurs, vous ne percevez que le bouton, et pourtant ce
petit bouton contient réellement la fleur épanouie, le fruit, la semence et la
plante tout entière. La manifestation est universelle et sans limite, mais la
vision que vous en avez est partielle et dépend d'un certain point de vue, de
ce qui apparaît à vos yeux à un moment donné. Ayez une vision d'ensemble, qui
englobe tout et essayez de voir ce qu'est en réalité un yogin ou un individu
particulier!
Votre corps
était d'abord celui d'un enfant, puis il devint celui d'un jeune homme et plus
tard il sera celui d'un vieillard. Enfance, jeunesse, vieillesse sont contenues
en vous. S'il en était autrement, d'où viendraient-elles? Des gens vous disent
: lorsque vous étiez enfant votre visage était comme ceci ou comme cela. Cela
prouve que votre visage d'enfant est présent en cet instant même; sinon comment
pourrait-il être ainsi décrit? De même votre corps reste toujours présent dans
toutes ses phases : ce qu'il était dans le passé, ce qu'il est maintenant et ce
qu'il sera demain. Ainsi en est-il là où l'expérience prouve que passé, présent
et futur sont toujours présents.
Le temps
dévore sans cesse. A peine l'enfance est-elle passée qu'apparaît l'adolescence.
L'une absorbe l'autre. La perception ordinaire ne peut pas s'en rendre compte.
Le changement n'est observé que dans une très faible mesure. En réalité,
l'apparition, la continuation et la disparition se produisent simultanément en
un même endroit. Tout est infini; fini et infini sont identiques. Dans une
guirlande, le fil est continu mais il y a des espaces vides entre les fleurs.
Ce sont ces espaces qui provoquent désir et chagrins. Ne plus en avoir
conscience, c'est être libéré du désir.
Mâ Ananda Moyi , L'enseignement de Mâ Ananda Moyi