Extrait de L'Agenda de Mère, octobre 1962:
"On peut être dans l'état de conscience où le corps
n'est plus qu'un fardeau, parce qu'il n'est pas responsif, ou qu'il est trop
détérioré, qu'il n'y a plus rien à en faire, ou que l'on n'a pas été créé pour
essayer de le rendre immortel (ça, c'est une chose très exceptionnelle). Dans
la grande masse humaine, beaucoup de corps ne sont plus bons à rien, et dans ce
cas-là, ce peut très bien être un soulagement qu'on vous sépare de lui
brusquement au lieu d'avoir à attendre une lente décomposition. Alors... je me
suis dit encore une fois: « Un jugement hâtif et téméraire – le jugement de
l'Ignorance. »
Je ne peux pas dire. Il faut que chacun le SENTE et
le dise lui-même s'il est suffisamment conscient.
Mais chaque fois que je demande à mon corps ce que lui voudrait, toutes les cellules
disent: « Non-non ! nous sommes immortelles, nous voulons être immortelles.
Nous ne sommes pas fatiguées, nous sommes prêtes à lutter pendant des siècles
s'il le faut; nous avons été créées pour l'immortalité et nous voulons
l'immortalité. »
C'est très
intéressant.
C'est très intéressant. Et justement, Pavitra m'a
dit ces jours-ci qu'on est en train d'étudier très sérieusement et d'une
façon très approfondie les causes du vieillissement et de la déchéance, et
qu'on est en train d'arriver à des découvertes tout à fait intéressantes:
c'est que la cellule est immortelle. Et que c'est seulement un concours de
circonstances qui fait qu'il y a ce vieillissement; les recherches tendent à
cette conclusion que c'est seulement une mauvaise habitude – ce qui paraît
être vrai. C'est-à-dire que si on vit dans
la Conscience-de-Vérité, cette Matière n'est pas contraire à cette
Conscience.
Et justement, je m'aperçois de cela (je ne crois pas
que ce soit une chose unique, exceptionnelle), que plus on va vers la cellule
même, plus la cellule dit: « Mais moi, je suis immortelle ! » Mais il faut
qu'elle soit consciente. Ça se fait presque automatiquement: les cellules du
cerveau sont très conscientes; les cellules des mains, des bras du musicien
sont très conscientes; les cellules de l'athlète ou du gymnaste dans le corps
tout entier sont merveilleusement conscientes. Alors ces cellules, étant conscientes,
deviennent conscientes de leur principe d'immortalité et disent: « Mais
pourquoi ! Non, mais je ne veux pas vieillir ! » Elles ne veulent pas
vieillir. C'est très intéressant.
Alors toutes ces idées que j'avais sur la mort,
toutes les choses que j'ai dites de la mort, presque toutes les choses que
j'ai faites consciemment1
– oh ! je me suis aperçue: « Ça encore, ça appartient au passé, et au passé
d'Ignorance. » Là aussi, j'aurai probablement d'autres choses à dire plus
tard.
Si jamais
je dis.
Dès qu'on parle, la grande majorité de la
connaissance échappe. Ça devient ce que Sri Aurobindo appelle une «
représentation », une image – ce n'est pas la
chose2."
Mère
1. Pour les
gens qui étaient morts.
2. Il
existe un enregistrement de cette conversation.