EVESTRUM
Dans son Deuxième Livre de La
Philosophie aux Athéniens, Paracelse précise la notion d'evestrum.
"L'evestrum, c'est comme une ombre sur un mur. L'ombre vient et croît
avec le corps et reste avec lui jusque dans sa Matière Ultime*. L'evestrum prend
son origine en même temps que la première naissance de toute chose.
Car les choses, avec ou sans âme, sensibles ou insensibles, sont
accompagnées d'un evestrum, ainsi que tout ce qui donne une ombre."
(...)
"Ceux qui sont au commencement ont en eux un principe impermanent [qui
meurt] et un principe éternel qui survit. Le second doit aiguiser
l'intelligence du premier. L'evestrum mortel connaît l'evestrum éternel ; la
connaissance est une mère du prophète."
(...)
"L'evestrum est présent dans les quatre mondes, autant que l'éternel
du firmament. Car le firmament est quadruple, eu égard aux quatre mondes ; et
il est partagé en quatre essences parfaites. Chaque monde est parfait dans sa
création, laquelle se présente ainsi : une sur la terre, une dans l'eau, une
dans l'air, une dans le feu."
(...)
"Parce qu'un evestrum obumbratus naît et grandit
avec les créatures, il est possible de prédire le déroulement de l'existence
de chacune d'elles. Lorsqu'un enfant naît, evestrum naît avec lui et toujours
façonne en lui ce qu'il est et sera jusqu'à son dernier jour. Par cela, on peut
voir ce qu'il fera. Et si quelqu'un meurt, la mort n'arrive pas sans que
l'evestrum donne des signes annonciateurs, soit en frappant, soit en tombant,
soit à l'aide d'un signe correspondant à son métier. On peut donc remarquer que
l'evestrum est un prodrome de la mort. C'est sa fonction.
L'evestrum est aussi uni à ce qui est l'éternel car,
après la mort de l'homme, il reste sur la terre et indique si l'homme est dans
l'allégresse ou dans les tourments avec sa [nouvelle] naissance. Il ne faut
pas parler comme les naïfs et dire que ce sont des esprits ou des âmes, ou que
ce sont des morts qui errent. C'est l'evestrum de l'homme et il ne cède pas
jusque dans la dernière bergerie' où toutes choses seront réunies. L'evestrum
donne des signes ; mais seuls les saints, par leur evestrum, oeuvrent et
donnent à comprendre des signes extraordinaires. Comme le soleil qui par sa
lumière manifeste sa chaleur, sa nature et son essence. Ainsi sont en nous les
evestra praesagientia et les evestra prophetica et il faut les croire. Ils
gouvernent le sommeil et les rêves en préparant et formant les choses à venir
et en indiquant leur nature, leur sens, leur essence, leurs désirs et leurs
pensées.—"
(...)
"Le Très-Haut possède un evestrum mysteriale en qui l'on peut voir son
essence et ses attributs. Par l'evestrum mysteriale, on peut connaître tout ce
qui est bien et lumineux. Mais à l'opposé, ce qui est damné possède aussi un
evestrum dans le monde ; en lui on peut connaître le mal et tout ce qui brise
l'ordre de la nature. Et quoique les deux soient evestrit (sic) ils ne
rencontrent pas notre vie. C'est seulement par notre evestrum que nous nous
connaîtrons."
(...)
"Les evestrum sont présents dans les quatre
mondes. L'un donne à l'autre un présage, un exemple, un prodige et par eux
sont trouvées la dissolution et la régénération de la façon la plus
merveilleuse. Et nous n'excluons pas que l'evestrum soit le principe éternel
que le corps abandonne, le gardien de la foi et un effet de ce qui est céleste.
Car nous sommes seulement poussés à compter la félicité, la béatitude, le souverain
bien, le Jugement Dernier et à approfondir et apprendre toujours plus la
différence entre les deux, à savoir : le juste et le faux qu'il ne faut pas
retenir naturellement mais spirituellement."
TEXTES PHILOSOPHIQUES de THÉOPHRASTE BOMBAST von HOHENHEIM
PHILOSOPHIE AUX ATHÉNIENS