Les anciens alchimistes représentaient la formule "ouroboros" (ordo ab chao) à l’intérieur du serpent cosmique (ou dragon céleste) se dévorant lui-même, appelé ouroboros. Ouraboros à la même racine grecque qu' ouranos (du grec ancien Οὐρανός / Ouranós, « ciel étoilé, firmament »).
Parmi les dragons, le Serpent Cosmique
désigne un très vieux dragon de la culture indo-européenne, mais d'une catégorie assez
différente : l'Ouroboros
Ouroboros désigne le dessin d'un serpent ou d'un dragon qui se mord la queue.
Il s'agit d'un mot de grec ancien οὐροβóρος,du grecs oura, queue,
et boroV, dévorant. Latinisé sous la forme uroborus
qui signifie littéralement « qui se mord la queue ». Pour l'alchimiste Léon
Gineste [1] c'est le symbole alchimique le plus connu, le plus représentatif
de la globalité, l'holoscopie alchimique. C'est le plus ancien symbole pictural
des alchimistes, que l'on trouve dans le Codex marcianus, manuscrit grec
du Xème siècle. Il représente un serpent, tournant sur lui-même en se mordant
la queue, accompagné de la formule : « Un est le Tout ». Sur
celui de l'œuvre théorique, et de la vie spirituelle, il représente une
conception de l'apprentissage appelée cercle herméneutique.
L'ouroboros dans l'alchimie externe symbolise un processus qui se referme sur lui-même et qui doit continuer, au cours du chauffage, de l'évaporation, du refroidissement et de la condensation d'un liquide, à l'affinage des substances.
Le serpent enroulé en cercle est alors souvent remplacé par deux créatures dont la gueule de l'une avale la queue de l'autre ; celle qui se trouve placée en haut symbolise la volatilisation, et c'est pourquoi on la représente sous la forme d'un dragon ailé.
Fulcanelli considère que le serpent Ouroboros "est, avec le sceau de Salomon, le
signe distinctif du Grand Œuvre, – sa signification reste susceptible
d’interprétations variées. Hiéroglyphe d’union absolue,
d’indissolubilité des quatre éléments et des deux principes ramenés à
l’unité dans la pierre philosophale, cette universalité en permet l’usage et
l’attribution aux diverses phases de l'Œuvre, puisque toutes visent au même but
et sont orientées vers l’assemblage, l’homogénéité des natures premières,
la mutation de leur antipathie native en amitié solide et stable. Généralement, la
tête du dragon ou de l’Ouroboros marque la partie fixe, et sa queue la partie
volatile du composé."
Ainsi en en est-il du commentaire de Fulcanelli sur le caisson de plafond de la galerie haute du château renaissance de Dampierre-sur-Boutonne en Saintonge.
"La devise étant .AMICITIA. "L'amitié", car elle signifie la sympathie des éléments dont l'union est nécessaire à l'élaboration de la Pierre philosophale."
Ouroboros, aut serpens qui caudam devoravit
La lectio continua de l'Église primitive est en rapport direct avec l’ouroboros, sur le plan de l'alchimie pratique, c'est le jeu de roue. Pour l'alchimiste Kamala Jnana [2], les Sages en ont-ils fait le symbole de leur Pierre, puisque celle-ci se suffit à elle-même dans un éternel recommencement opératoire. Il symbolise aussi le feu de roue, selon Fulcanelli, " parce qu’il paraît développer son action selon un mode circulaire, dont le but est la conversion de l’édifice moléculaire, rotation symbolisée dans la roue de Fortune et dans l’Ouroboros."
L'Ouroboros est la phase finale de l'Oeuvre, il signifie par la réunion de la queue et la bouche cette obtention de la Pierre philosophale, différentes de la "pierre des philosophes", qui est la matière initiale de l'Oeuvre.
Le Hile employé par Paracelse dans
ses dix Archidoxes désigne non pas le départ du Magistère, mais le
commencement et la fin de l'Œuvre. C'est lui qui peut être représenté par
l'Ouroboros. Il signifie cycle complet.
Selon Abraham Eleazar [3], le
serpent se mordant la queue symbolise la course du soleil dans le ciel : c'est
l'Ouroboros de la Chrysopée de Cléopâtre. Le serpent Vasuki Sesha
est un analogue quasi direct de l'Ouroboros alchimique. Au même titre
que le mercurius des alchimistes, il sert à baratter leur grande
mer, d'où Vishnu, assis sur sa monture Ananta le serpent à sept tête (symbole
de totalité), fait naître l'amrita,
l'immortalité. En alchimie opérative on conçoit que le serpent Ouroboros
ne constitue pas le symbole de la putréfaction, mais bien celui de la
circulation.
Selon Fulcanelli le Serpent Ouroboros était au Moyen-Age, assimilé au dragon "en lui imposant une attitude et une valeur ésotériques semblables à celles du serpent hellénique. Telle est la raison des associations de reptiles, naturels ou fabuleux, que l’on rencontre presque toujours chez les vieux auteurs. Draco aut serpens qui caudam devoravit ; serpens aut lacerta viridis quoe propriam caudam devoravit, etc., écrivent-ils fréquemment. Sur les monuments, d’autre part, le dragon, permettant plus de mouvement et de pittoresque dans la composition décorative, semble plaire davantage aux artistes ; c’est lui qu’ils représentent de préférence. On peut le remarquer au portail nord de l’église Saint-Armel, à Ploermel (Morbihan), où plusieurs dragons accrochés aux rampants des gables, font la roue en se mordant la queue. Les célèbres stalles d’Amiens offrent également une curieuse figure de dragon à tête de cheval, au corps ailé, terminé par une queue décorative dont le monstre dévore l’extrémité".
A la confluence de l'alchimie et des spéculations philosophiques (inspirés par la tradition d'Hermès Trismégiste), l'Ouroboros désigne à la fois le principe et la finalité de l'Oeuvre, qui est la découverte de L'un, et, à la fois au-delà et en deçà de cet Un, d'un "Un-qui-n'est-pas", d'un "Néant suressentiel" dont surgit cet Un, au sujet duquel nous ne pouvons rien dire et pour lequel le symbole seul est parlant.
C'est dans ce sens qu'il apparaît par exemple dans le traité alexandrin d'alchimie appelé le Canon de Cléopâtre - longtemps attribué à tort à cette reine, mais qui se réclamait sans doute de ce nom pour mettre en scène l'idée de royauté spirituelle.
Selon Fulcanelli le Serpent Ouroboros était au Moyen-Age, assimilé au dragon "en lui imposant une attitude et une valeur ésotériques semblables à celles du serpent hellénique. Telle est la raison des associations de reptiles, naturels ou fabuleux, que l’on rencontre presque toujours chez les vieux auteurs. Draco aut serpens qui caudam devoravit ; serpens aut lacerta viridis quoe propriam caudam devoravit, etc., écrivent-ils fréquemment. Sur les monuments, d’autre part, le dragon, permettant plus de mouvement et de pittoresque dans la composition décorative, semble plaire davantage aux artistes ; c’est lui qu’ils représentent de préférence. On peut le remarquer au portail nord de l’église Saint-Armel, à Ploermel (Morbihan), où plusieurs dragons accrochés aux rampants des gables, font la roue en se mordant la queue. Les célèbres stalles d’Amiens offrent également une curieuse figure de dragon à tête de cheval, au corps ailé, terminé par une queue décorative dont le monstre dévore l’extrémité".
A la confluence de l'alchimie et des spéculations philosophiques (inspirés par la tradition d'Hermès Trismégiste), l'Ouroboros désigne à la fois le principe et la finalité de l'Oeuvre, qui est la découverte de L'un, et, à la fois au-delà et en deçà de cet Un, d'un "Un-qui-n'est-pas", d'un "Néant suressentiel" dont surgit cet Un, au sujet duquel nous ne pouvons rien dire et pour lequel le symbole seul est parlant.
C'est dans ce sens qu'il apparaît par exemple dans le traité alexandrin d'alchimie appelé le Canon de Cléopâtre - longtemps attribué à tort à cette reine, mais qui se réclamait sans doute de ce nom pour mettre en scène l'idée de royauté spirituelle.
L’Ouroboros est comparable au
serpent Ananta, l'infini qui soutient l'univers et la création et sur lequel
repose Vishnu, le principe divin maintenant la création dans son unité, le
principe préservateur et régénérateur de la création. Ce principe
régénérateur est le cycle perpétuel de l'Univers s'auto-générant et
s'auto-détruisant, cycle infini et complet des énergies manifestées
et non manifestées, cosmiques et extra-cosmiques au cœur des souffles de
Brahma, pralaya. Ananta est le gardien au niveau
cosmique du déroulement de l'évolution jusqu'à son achèvement complet.
Anantan Vasuki, le serpent à mille-et-une tête,
sur lequel repose Bhagavan (Vishnu)
lors de son sommeil cosmique.
Ananta, qui signifie «sans fin»,
représente l'éternel
et le cycle de la naissance et de la mort
cosmique répété à jamais
Ananta est à rapprocher du serpent du monde Antaboga de la mythologie javanaise pré-islamique traditionnelle (avant l'ère de Demak royaume ). Il est un dérivé de Shiva-hindouisme Ananta Shesha combiné avec l'animisme javanais
Au début des temps où Antaboga existait, Antaboga méditait et a créé la tortue du monde Bedwang à partir de laquelle toutes les autres créations sont issues.
L’énergie primordiale, universelle
et infinie, qui est à l'origine de la manifestation de l’Univers est
accessible au-delà des facultés du mental humain, manas. Pour accéder à cette
énergie d’Amour universel, ananda, l’essence de toute chose, l'homme
véritable, manush (manoush), doit accéder à la source
de sa Divinité, la racine de son Être profond, Antaryāamin,
l'être psychique, chaitya-purusha , qui en s'éveillant au
centre du cœur, hridpadma, donne naissance à l'Embryon d'Or, hiranyagarbha,
se soumettant à la volonté divine qui anime toute la création d'une
conscience unique qui est partout, omniprésente, omnipotente et
omnisciente.
Le Dragon Alchimique forme la Lemniscate,
symbole de l'Infini, de l'évolution et du retour à l'Unité.
L'Ouroboros, le serpent Céleste, ou
Dragon Cosmique est traditionnellement représenté entourant la création
tout entière, c'est-à-dire que symboliquement il la protège. Selon la
symbolique hébraïque du corps humain d'Annick de Souzenelle [4], le bouclier
était originellement représenté par le cercle que forme un serpent se mordant
la queue. Il symbolise par conséquent "une totalité accomplie, un cycle
"bouclé". La "boucle" étant constituée, l'Homme dont les
pieds ont rejoint la tête, va se présenter devant l'Épée, son NOM que symbolise
sa langue. Le bouclier qui l'en protège est symbolisé par la
denture." Nous voyons donc une résonance avec la symbolique
chevaleresque, la quête initiatique du chevalier errant du cycle arthurien du
roman du Graal. Quant au Dragon, il est le dragon des profondeurs qui garde le
NOM , le "Je suis" est caractéristique par sa terrible mâchoire,
comme celle de tous les gardiens du seuil qui héritent du dragon leur rôle de
montres dévoreurs, abondamment représentés dans l'iconographie bouddhiste.
L’Ouroboros, en alchimie symbolise
l’accomplissement du Grand Œuvre, par le non-agir, le non faire , le wu
wei taoïste. C'est à la fois le symbole des forces latentes non éveillées,
mais aussi le symbole de l'accomplissement du retour à l’Unité
primordiale, l’Un, la substance originelle de l’Univers, dont procède
toute chose, la force ultime de l’Univers, à l’état non manifesté et
chaotique. Tel est l'Alchimie des paradoxes enseignée par la symbolique de
l'Ouroboros ! L'Ouroboros signifie la conciliation des contraires, la résolution des paradoxes, si tant est qu'ils puissent se résoudre.
|
|||
|
L'évolution cosmique est symbolisée
par le serpent qui se mord la queue, l'Ouroboros. Cycle de mort et de
naissance, du jour et de la nuit, de l'ignorance et de la connaissance, du yin
et du yang...
Symboliquement, le Dragon avec
sa queue dans sa bouche représente l'âme non éclairée liée au cycle de la
réincarnation, le Samsara, il symbolise par là même les capacités
évolutives latentes en l'homme pour se libérer du cycle de l'ignorance. Par la
figure circulaire qu'il représente, il symbolise l'universalité et le tout
contenu dans le tout. L'ignorance contient la connaissance, et la connaissance
contient l'ignorance. Affranchi des limites de la dualité , le libéré vivant, Jivan
mukta vit dans le Samsara tout en en étant libéré, il a atteint le
Nirvana tout en étant dans le Samsara. À un niveau absolu Samsara
et Nirvana sont un, l'un dans l'autre. Le serpent qui se mord la queue
désigne aussi la loi du Karma qui se déroule dans le Samsara et
conditionne aussi le cycle des renaissances de l’individu, car la tête suit
nécessairement la queue, toute pensée engendre une orientation de tout l'être.
Toute pensée est action.
Selon Omraam Mikaël Aïvanov [5],
"il existe trois représentations symboliques du serpent: rampant au sol,
dressé en spirale, et en forme de cercle, le serpent qui se mord la queue. Ces
trois représentations correspondent aux trois stades du développement de
l'homme dans les plans physique (le serpent qui rampe), psychique (le serpent
qui se redresse), et spirituel (le serpent qui se mord la queue). (...) Sur le
plan spirituel l'être humain doit peu à peu retrouver la forme du cercle,
c'est-à-dire évolué de la conscience personnelle, limitée, pour vivre dans la
conscience cosmique, éternelle. Sans commencement ni fin, le cercle représente
le dépassement des limites de l’espace et du temps, la transcendance des
dualités." Le cosmos est régi par la loi immuable de la conservation de
l'énergie. Ce qui est en haut es comme ce qui est en bas.
En alchimie interne le Serpent qui
se mord la queue est le symbole de l'énergie sexuelle sublimée. Les pratiques
taoïstes de rétention et de maitrise du flux séminal corroborent celle de
l’ascèse yoguique dans la voie de l'abstinence sexuelle Brahmacharya,
par son ascèse tapas le yogi sublime la semence tejas en énergie
spirituelle ojas.
Le serpent qui rampe représente les
énergies sexuelles aux fins procréatives et érotiques, tandis que le serpent
qui se redresse représente la force sexuelle sublimée qui monte à travers la
colonne vertébrale, la Kundalini qui s'élève à travers susushma,
s'enroulant autour des nadis que sont ida et pingala pour
atteindre le centre le la tête, le lotus aux mille pétales coronal , Sahasrala
chakra. L'énergie de vie qu'est l'énergie sexuelle retourne à son origine
et génère une énergie auto-alimenté , la boucle est bouclée, le cercle est
accompli, la tête est la queue du serpent sont réunies. L'adepte ne perd plus
son énergie, tel un bouclier psychique il vit dans son corps de lumière en
lequel il réintègre ses énergies, il est prémuni de fuite énergétique et
protégé d'agression ou de vampirisation, et s'il subit des attaques il s'en
remet plus facilement. Les dragons deviennent ses alliés, ils ne sont plus les
ombres de l'inconscience qu'il nourrit de son égoïsme, mais les nourrit de sa
lumière et les aide à évoluer. Ils font alors partie de son corps de lumière et
il peut équilibrer les énergies des cinq éléments en faisant appel à tout
moment selon le degré de son savoir-faire intérieur aux Dragons pour le faire.
Il devient le dragonnier, accomplissement d'une quête intérieure, fruit d'un
long et régulier travail d'éveil de son corps de lumière. Le chevalier se
transforme en être de lumière (cf:
Chevalerie mystique ).
[1] Léon Gineste L'alchimie
expliquée par son langage
[2] Kamala Jnana Dictionnaire
de philosophie alchimique
[3] Abraham Eleazar Uraltes
chymisches Werk, Erfurt 1735 ; Leipzig, 1760 "l'Ouroboros alchimique
comme hypostase de l'intuition transcendantale".
[4] Annick de Souzenelle Le
symbolisme du Corps humain
[5] Omraam Mikaël Aïvanov Dictionnaire
du livre de la nature